Class40 : un finish haletant !
Ce jeudi, à 16h40, Aymeric Chappellier (AINA Enfance et Avenir) a franchi la ligne d’arrivée de la première édition des 1000 Milles des Sables, s’adjugeant ainsi la victoire à l’issue d’un parcours épique, la faute aux aléas de la météo qui ont contraint la Direction de course à modifier le parcours à trois reprises. Reste que la bagarre a été belle et intense en tête de flotte, en particulier entre les trois premiers que seules douze petites minutes ont finalement départagés à l’issue de trois jours de mer (650 milles). Trois leaders qui se sont échappés quasiment d’entrée de jeu sur la route de Gijón et qui ne se sont, ensuite, plus lâchés d’une semelle, régatant à vue et se rendant coup pour coup. Le scénario de cette première édition des 1000 Milles des Sables a réservé bien des surprises. A la fois pour la Direction de course qui s’est arrachée les cheveux pour être en mesure de proposer à ses troupes de régater en toute sécurité malgré le mauvais temps annoncé, d’abord aux abords du Fastnet puis dans le golfe de Gascogne ensuite. Puis, pour les solitaires qui ont dû constamment s’adapter et faire preuve de réactivité. Certains ont, évidemment, mieux tiré leur épingle du jeu que d’autres, à commencer par Aymeric Chappellier (AINA Enfance et Avenir), Sam Goodchild (All in for the Rhum) et Phil Sharp (Imerys Clean Energy). Ce trio s’est imposé d’emblée, composant au mieux en bordure de la dorsale sur la route de Gijón. Fort d’une avance de 15 milles à la marque espagnole, ils ont ensuite clairement pris la poudre d’escampette, faisant alors parler toute la puissance de leur machine respective sur le long bord de reaching qui les a ensuite conduits jusqu’à la cardinale Sud Banc de Guérande. A ce stade de la course, si certains ont malgré tout réussi à recoller au score, à l’image de Louis Duc (Carac) et Luke Berry (Lamotte – Module Création), les dés étaient déjà presque jetés. Reste qu’un coup du sort a bien failli tout chambouler. En effet, alors qu’il était bien installé aux commandes de la flotte, Aymeric Chappellier a tapé un rondin de bois, endommageant méchamment sa quille. Prêt à jeter l’éponge, le Rochelais a finalement choisi de rallier Les Sables d’Olonne coûte que coûte, au moins pour décrocher sa qualification pour la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Bien lui en a pris puisqu’il est parvenu à conserver une avance suffisante sur ses adversaires jusqu’à la ligne d’arrivée, remportant ainsi de belle manière la première course de sa saison. Ce soir, ils sont cinq solitaires à en avoir terminé. Les prochains 40 pieds sont attendus demain aux environs de 7 heures, plus ou moins au même moment que les deux Multi50. A suivre donc. Aymeric Chappellier (AINA Enfance et Avenir), vainqueur en Class40 : «Cette première place est relativement inattendue au final car j’ai vraiment pensé que la course était terminée pour moi, hier en fin de journée, quand j’ai tapé violemment un rondin de bois. Directement, j’ai appelé le chantier. Ensemble, on a fait le tour de la structure pour voir s’il n’y avait rien de trop grave. Dans la foulée, j’ai appris que le parcours allait être écourté. J’ai donc décidé de continuer, au moins pour décrocher ma qualification pour la Route du Rhum. J’avais un peu d’avance et ni Phil ni Sam n’ont réussi à me rattraper donc c’est cool. Après Gijón, ça a beaucoup été une course de vitesse et c’est vrai qu’au reaching, le bateau va bien. Je l’ai bien en main et j’ai les bons réglages. Cela m’a permis de faire la différence. Ça a été une belle bagarre. Avec Phil, on commence à avoir l’habitude après Les Sables – Horta et la Transat Jacques Vabre. On aime bien naviguer à vue. C’est sympa d’avoir eu un marin tel que Sam Goodchild dans le jeu aussi. » Sam Goodchild (All in for the Rhum), 2e en Class40 : « On a navigué à vue quasiment en permanence avec Aymeric (Chappellier) et Phil (Sharp). Au départ, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. Le but était de tester le bateau et de voir où je me situais. C’est sûr que ça a été une régate de petit temps et que c’est le type de conditions qui va bien au bateau mais j’ai été plutôt à l’aise face à Phil qui navigue sur un sistership de mon 40 pieds, et j’ai réussi à tenir Aymeric qui navigue vraiment super bien. C’était cool de l’observer et d’apprendre des choses. C’était super mais il ne faut pas trop s’emballer car on a fait tous les trois un joli coup au début qui nous a permis de nous échapper. Quoi qu’il en soit j’ai régaté au contact avec Phil et Aymeric qui terminent 2e et 3e sur la Transat Jacques Vabre l’année dernière et c’est encourageant car c’est sûr que je vais progresser. Ça fait du bien. » Phil Sharp (Imerys Clean Energy), 3e en Class40 : « Quand il y un match à trois et qu’à l’arrivée, on termine troisième, c’est qu’on a perdu. Forcément, je suis un peu déçu mais c’était une belle régate. On a vraiment poussé les bateaux au maximum, Aymeric, Sam et moi. On a navigué à vue pendant toute la course. C’était incroyable. J’ai fini juste deux minutes derrière Sam qui a un sistership de mon bateau. Je pense qu’on a exploité tout le potentiel de nos machines. C’était fatigant. Naviguer avec des lièvres autour de soi à chaque instant ne permet pas de lâcher le morceau une seule seconde. A chaque fois que tu prends du temps pour dormir, tu te dis que tu vas rater un truc important. En tous les cas, c’était vraiment bien de retrouver le mode solitaire car ça faisait depuis The Transat il y a deux ans que je n’avais plus fait de course en solo. J’ai vu quelques petits points à améliorer en vue de la Route du Rhum et c’était aussi le but. » Luc Duc (Carac), 4e en Class40 : « Je suis content de ma course. Content surtout du bateau. C’est lui qui va vite, je n’y peux rien ! (Rires) Evidement, il a fallu mettre du charbon, mais c’est vrai qu’au reaching et au portant, le bateau est très impressionnant. C’était la première fois que je naviguais à bord en solo aussi longtemps. Cela m’a permis d’essayer plein de petits trucs. J’ai compris plein de choses pour réussir à avancer vite et longtemps dans plein de conditions différentes. J’ai aussi pris énormément de plaisir pour faire tout ça. Sur la course, il y avait quand même des bons bateaux de référence comme V and B, Tales II ou Lamotte. Ce sont des bateaux assez polyvalents et j’ai réussi à jouer avec eux. Face à eux, j’ai pu voir que dès que le vent monte un peu, je suis vraiment à l’aise. La nuit dernière, j’étais quasiment un nœud plus rapide qu’eux. Ça c’est bien et je suis très content. » Luke Berry (Lamotte – Module Création), 5e en Class40 : « Je suis super content. C’était ma première course avec le bateau et ma première course en Class40. C’était aussi ma première épreuve en solo depuis la Mini Transat 2015. Ça faisait beaucoup de choses à reprendre mais je me suis mis dans le rythme et franchement, je suis très content des performances du bateau. Ça s’est bien bagarré avec les petits copains. Au début, avec quelques concurrents, on a pris une option un peu plus Est que les autres et elle n’a pas payé. Ceux qui ont coupé le fromage ont réussi à passer nickel. C’est comme ça. J’ai plein de trucs à améliorer et je les ai notés dans ma tête et sur mon petit calepin pour essayer de faire mieux la prochaine fois et rester au contact des bons de la classe. »