Messages du bord du lundi 11 avril 2022
Pierre-Louis Attwell (Vogue avec un Crohn) : « Je prends enfin quelques minutes pour vous donner des news du large. Après un départ pas top, je suis bien remonté jusqu'à la bouée de dégagement. Ensuite, j'étais au contact avec la flotte la première nuit. C'est hier matin que les choses se sont compliquées. J'ai un problème de safran ou de barre qui rend très difficile le fait de barrer quand le bateau va vite. Après plusieurs départs au lof et une bonne contracture dans l'avant-bras, j'ai dû passer sous gennaker pour lâcher la barre quelques minutes et pouvoir me reposer. Le système de barre grince beaucoup et fait beaucoup de bruit. J'espère qu'il tiendra jusqu'à l'arrivée. J'ai également percuté plusieurs planches en bois qui dérivent actuellement dans le golfe de Gascogne. J'espère que les dégâts ne sont pas trop importants. Sinon, je prends enfin le rythme de la vie en solitaire à bord. J’ai eu du mal à manger et à dormir la première journée. Maintenant, ça va mieux. Le classement n'est pas top-top. Les nouveaux bateaux vont vraiment très vite dans ces conditions et notre vieux 135 souffre un petit peu. Qu'importe, il y aura des opportunités pour se refaire, le plus important pour moi étant de trouver mon rythme et de me sentir bien à bord. Petites pensées pour les copains qui ont chacun leur lot de galères. »
Aurélien Ducroz (Crosscall) : « Tout va bien. Je reprends mes marques tranquillement en solo. La journée d'hier était top pour apprendre à se faire confiance. On a eu de belles pointes de vitesse à 24 nœuds et un joli slalom au milieu de planches de bois. D'ailleurs, j'ai enfourché deux fois, mais rien de grave je pense. On a ralenti un peu cette nuit mais aujourd’hui, ça va repartir plein gadin. Le bateau va bien globalement, le skipper aussi. »
Axel Tréhin (Project Rescue Ocean) : « Je profite de la molle le long des côtes espagnoles pour vous envoyer des nouvelles fraîches, mais aussi un peu moins. Joli départ en baie des Sables. Ça m'a fait sourire de nous voir en pointe avec La Boulangère Bio alors que s'il y a bien un truc qu'on n’a pas bossé pendant notre stage d'entraînement portugais, ce sont bien les départs ! Bon, après ça s'est vu qu'on n’a pas franchement bossé les lay-lines non plus. Un gros hors-cadre plus tard, le passage à la bouée de dégagement n’était pas terrible... Le bord vers Rochebonne était parfait pour se mettre en jambes.
Ensuite, c'était bien la foirasse pour aller vers BXA. Partir à 90° de la route dans pas de vent, ce n'était pas forcément instinctif... Le vent était bien capricieux et aléatoire. On pouvait décoller quand le concurrent situé 20 mètres au vent restait collé. Il fallait être patient et rester calme. Je ne m'en sors pas trop mal et passe deuxième devant l'estuaire de la Gironde. On a été que deux, avec Corentin Douguet, à jiber à la bouée. Là encore, se mettre à 90° de la route à 300 milles du but, fallait y croire... tout ça pour avoir plus de vent et finir par trouver qu'il y en a un peu trop... Au final, en se remettant sur le bord rapprochant, on a recroisé assez vite des petits copains, Ian et Simon notamment.
C'était parti pour un gros run de vitesse sous spi vers La Corogne. J'en ai trois à bord et je les ai tous mis ! Je pense avoir, d'une manière générale, réduit plus tôt que les autres. Je me savais tout aussi cramé avant de partir que gourmand dans le feu de l'action, du coup je me suis tenu aux butées de force de vent définies avant de partir. Ça faisait partie des bonnes idées de Sam Davies qui nous a filé quelques conseils à Amélie et à moi, et c'est pas mal d'avoir ces repères préparés à l'avance en complément de la préparation plus purement météorologique. Même en réduisant tôt, c’était bien bourrin.
Au final, Ian et Corentin se sont un peu barrés mais avec la molle prévue avant le passage à La Corogne. Je n'étais pas trop inquiet sur le fait que ça allait se regrouper. Pas mal de planches de bois dans l'eau encore, surtout sur la deuxième partie du bord... J'ai dû en taper 6 ou 7. Dans le noir on ne peut rien faire. De jour, dans de la mer formée, d'une part, on les voit tardivement et, d'autre part, les échappatoires ne sont pas forcément nombreuses... A priori, pas de dégâts sur la quille fraîchement refaite. Du moins, rien de visible à la caméra.
On a tous fini par tomber dans la molle les uns après les autres pour former un joli petit paquet de lumières vertes rouges blanches le long des côtes espagnoles. Là aussi, c'est un peu à chacun son tour d'avancer ou de s'arrêter... La suite s'annonce tonique jusqu'à la Chaussée de Sein, avant très probablement de ne plus l'être du tout...
Humainement, j'ai été et suis encore surpris de découvrir un Corentin Douguet pas avare de commentaires à la VHF. J'avais en tête l'image des Figaristes qui ne décrochent pas un mot. Le premier de la série à nous rejoindre est, ma foi, fort plaisant, bien qu'un peu trop rapide ! Pensées pour Armel et Amélie. Ça doit être bien dur pour eux de nous voir continuer à jouer à la bataille navale sans plus pouvoir en découdre… »
Simon Koster (Banque du Léman) : « Le texte de ce matin vas pas être long. L’état de la mer est dégueulasse, ce qui rend pénible l’écriture de ce mail tout comme pas mal d’autres tâches a bord. J’espère que ça va se calmer un peu au portant après le passage du way-point de La Corogne. Sinon, tout va bien à bord même si ce n’est pas toujours pas simple de trouver les moments pour dormir... Je suis désolé pour Armel. On arrive bientôt sur la zone où il s’est retourné. Ça fait bizarre quand même. »
Antoine Magré (E. Leclerc Ville La Grand) : « La première nuit n’a pas été évidente avec de la molle et hier on a eu presque trop de vent. Ça a fusé sous grand spi. J’ai gardé un œil sur le vent pour passer sur un spi plus petit si besoin. J’ai réussi à faire plusieurs siestes de 15 minutes pendant la nuit et l’après-midi, donc je ne suis pas trop crevé. Je vais toutefois devoir garder une grosse discipline car 6 jours comme ça, ça va être long ! »
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